Le 21 novembre dernier, se tenaient au Palais des Congrès de Paris, les 30e Assises de la Compagnie nationale des commissaires aux comptes (CNCC). A l’occasion de ces assises, la première édition du baromètre économique semestriel de la CNCC, a été présentée.
Réalisé par Opinion Way, auprès de 500 dirigeants ou cadres supérieurs d’entreprises de 10 à 249 salariés, ce baromètre a pour objectif d’analyser d’une part, comment les entrepreneurs sollicitant les services des CAC – commissaire aux comptes – perçoivent les risques auxquelles leurs entreprises sont confrontées. D’autre part, le baromètre vise à déterminer quelles sont les attentes de ces dirigeants vis-à-vis du gouvernement.
SOMMAIRE :
Comment les dirigeants perçoivent-ils les risques ?
Pour cela, les dirigeants ont été interrogés sur divers points. C‘est ainsi que sur le plan de l’environnement des affaires, 61 % des cadres affirment être attentifs à l’évolution de leur marché. Ils sont donc 61 % à craindre l’arrivée de nouveaux concurrents sur le marché. Pendant ce temps, 58 % de dirigeants craignent un changement du cadre réglementaire dans lequel ils évoluent. Aussi, les risques financiers et ceux liés aux ressources humaines inquiètent respectivement 46 % et 40 % des personnes interrogées.
Par ailleurs, alors que 41 % des dirigeants estiment que le changement de stratégie est une réelle prise de risque, l’embauche de salariés en CDI est plutôt ce que considèrent 51 % d’entre eux comme une prise de risque importante. Un point que Steve Amat qui est en charge de cette étude trouve inquiétant. « Il est préoccupant de voir des prises de risques majeures - comme un changement de stratégie ou une augmentation de capital - jugées moins lourdes que l'embauche d'un CDI. Les chefs et les cadres dirigeants de PME sont naturellement moins disponibles et clairvoyants pour des sujets qu'ils ne maîtrisent pas. » a-t-il affirmé.
L'un des points mis en avant pour expliquer ces chiffres repose notamment sur la charge administrative pesant sur les dirigeants. Il faut dire qu’à ce propos, 59 % des cadres interrogés pensent qu’ils consacrent aux démarches administratives, beaucoup plus de temps qu’il n’en faudrait, afin d’être conformes aux normes et réglementations. 66 % ressentent d’ailleurs le besoin de se faire aider pour appréhender les obligations légales, les normes et les certifications auxquelles sont soumises leurs entreprises.
Pour finir, notons que tous les dirigeants interrogés affirment disposer dans leurs entreprises, de l’expertise nécessaire pour appliquer de façon correcte les diverses procédures comptables en vigueur. Cette expertise est externe pour 76 % et interne pour le reste. 68 % de ceux disposant d’une expertise interne affirment même qu’ils pourraient faire confiance à un prestataire extérieur indépendant pour certifier dans leurs entreprises, le respect des procédures comptables.
Ce qu’attendent les dirigeants d’entreprise du gouvernement
Pour commencer, notons que 49 % des cadres interrogés estiment que le gouvernement est à l’écoute des dirigeants des PME. 77 % pensent que le fait qu’il y ait dans le gouvernement – et au parlement – des personnalités ayant travaillé en entreprise fait que les gouvernants prennent mieux en compte les intérêts des entreprises.
D’un autre point de vue, 39 % des dirigeants évaluent positivement l’action du gouvernement. Ils sont 48 % à affirmer que les récentes ordonnances de la loi Travail vont leur permettre de mieux anticiper les risques ; et aussi 48 % à penser qu’elles vont leur garantir une meilleure sécurité juridique. 26 % des dirigeants affirment que ces ordonnances vont les inciter à créer des emplois.
Les dirigeants ont également été interrogés rapport aux priorités que le Ministre de l’économie Bruno Le Maire devrait inscrire dans sa future « loi de croissance » pour 2018. Sur cette question, 77 % d’entre eux ont estimé qu’il devrait être prévu un soutien pour les PME en cas de crise. 67 % ont estimé quant à eux, que le ministre devrait faciliter aux PME les démarches administratives. Pour d’autres encore – 33 % des dirigeants – la future « Loi croissance » devrait réduire les délais de paiement. 26 % pensent plutôt qu’elle devrait prévoir la sécurisation de l’investissement.
Pour finir, notons que malgré les chiffres enregistrés pour les divers risques évoqués ci-dessus, 91 % des dirigeants interrogés dans le cadre de cette enquête affirment que dans 5 ans, leur entreprise sera toujours présente sur le marché. Ils sont même 80 % à estimer que leur entreprise ne sera pas confrontée à une nouvelle crise économique au cours des deux prochaines années.
Au-delà du retour à la confiance qu’on peut lire à travers ces chiffres, l’étude souligne que les dirigeants témoignent d’une véritable confiance concernant la stabilité de leur business. Une confiance qui, pour Jean Bouquot – président de la CNCC – devrait accroître chez les CAC le rôle d’alerte. « A l'heure où les business models se transforment ou s'ubérisent à grande vitesse, il est très ambitieux d'affirmer une visibilité à 5 ans. Tant mieux pour les entrepreneurs. Cela renforce le rôle de vigie et d'alerte que nous pouvons avoir de notre côté. » a-t-il indiqué.