En 2018 à Paris, les entrepreneurs de l'ESS représenteraient entre 15 et 20% des créateurs d'entreprises.
Les structures d'encadrement se développent rapidement : incubateurs nouvelle génération comme Make Sense, espaces de coworking comme La Ruche ou Nuage Café, etc.
Qu'est-ce que l'économie sociale et solidaire ? Quel est son cadre juridique ? Est-ce un phénomène éphémère ?
Cet engouement des créatrices et créateurs d'entreprises trouve son écho dans une sensibilité plus importante du grand public à des logiques de consommations responsables.
On peut donc se demander si l'ESS ne se limite pas à un concept marketing, destiné à attirer les consommateurs. Qu'en est-il concrètement ? Et si l'entreprise de l'économie sociale et solidaire, bien qu'encore minoritaire était plus efficace en terme de réussite que l'entreprise classique ?
SOMMAIRE :
- Qu'est-ce que l'économie sociale et solidaire ?
- Qui sont les entrepreneurs de l'économie sociale et solidaire ?
- L'ESS : une nouvelle façon de consommer et une nouvelle empreinte managériale
Qu'est-ce que l'économie sociale et solidaire ?
L'économie sociale et solidaire regroupe les activités privées (sociétés, associations, coopératives, mutuelles ) qui travaillent en cherchant à allier intérêt général et utilité sociale.
Créer son entreprise dans l'ESS repose sur plusieurs principes :
- un statut privé,
- une valorisation de l'être humain au dessus du capital,
- une gouvernance démocratique,
- une volonté d'ancrage territorial.
Les entreprises de l'ESS privilégient le développement de l'entreprise à travers une action destinée à bénéficier à la société, et à ce titre, réinvestissent leur résultat plutôt que de privilégier le profit individuel.
La loi n°2014-856 du 31 juillet 2014 fournit un cadre à l'économie sociale et solidaire, en la définissant comme un « mode d'entreprendre et de développement économique ». Cette loi a également permis de labelliser des sociétés commerciales répondant aux différents principes définis dans la loi et évoqués plus haut.
A ce jour, on dénombre environ 165 000 organisations dans l'économie sociale et solidaire, réparties en associations et sociétés commerciales.
Cette loi a également engendrée la création d'un agrément « Entreprise solidaire d'utilité sociale », permettant de clarifier le périmètre de cette nouvelle forme d'économie, et de donner un accès aux entreprises éligibles à des dispositifs de soutien et de financement.
Depuis l'entrée en vigueur de cette loi, 236 entreprises ont été labellisées ESS.
Selon l'infographie « Que pèse l'économie sociale et solidaire en France » publiée par le portail Novethic le 31 octobre 2017, un français sur dix travaillerait dans l'ESS, 70% d'entres eux seraient des femmes. Le secteur connaît une croissance supérieure au secteur privé en terme de création d'emploi, avec +24% depuis les années 2000 pour l'ESS contre 7% d'augmentation pour le secteur privé. Au delà des chiffres, il ressort de l'étude que la qualité de vie au travail est plus appréciée dans les entreprises de l'ESS (71% de satisfaction salariale).
Qui sont les entrepreneurs de l'économie sociale et solidaire ?
Si l'on ne saurait l'y réduire, force est de constater que l'économie sociale et solidaire accueille particulièrement deux types de profils assez spécifiques.
D'une part, nous retrouvons des jeunes de moins de 30 ans, principalement attirés par la création de commerces de proximité, ou d'entreprises artisanales. Déçus suite à une première expérience professionnelle trop éloignée de leurs attentes, ces jeunes, souvent Bac+5 et diplômés des grandes écoles, sont à la recherche de métiers qui leur permettraient de s'épanouir en agissant sur la société, avec une volonté de se rendre utiles.
D'autre part, des quadras/quinquas en réorientation professionnelle, a près avoir exercé des fonctions de cadres dans de grands groupes. Là encore, la motivation de ces entrepreneurs découle de la volonté d'être utile à la société. Plus que les jeunes, ces profils s'orientent vers la reprise d'entreprises en difficulté, dont ils modifieront les modes de fonctionnement grâce à leurs expériences professionnelles, mais également en intégrant les recettes de l'ESS au management de l'entreprise.
L'ESS est une réponse à ce type de questionnements qui agitent la société à différents niveaux. Ainsi, les entrepreneurs qui choisissent l'ESS ont également bien saisi qu'il y avait là une possibilité d'attirer une clientèle soucieuse d'une consommation plus responsable. Les grands quotidiens se font fréquemment l'écho de cette tendance en publiant les portraits d'entrepreneurs ayant quitté des carrières confortables pour un travail de passion dans une optique d'utilité sociale.
L'ESS : une nouvelle façon de consommer et une nouvelle empreinte managériale
L'entreprise sociale et solidaire attire des clients lassés de surconsommer. Leur volonté ? Consommer moins mais mieux . Cette entreprise va chercher à créer une communauté de consommateurs autour de ses produits et de sa marque. L'une des possibilités est d'intégrer les consommateurs au processus créatif par le biais de concours, par lesquels les clients deviennent ambassadeurs de la marque.
L'ESS peut également mettre en avant les aspects de l'action positive de l'entreprise sur la société : écologie, soutien social aux plus démunis, partenariat avec des associations en reversant une proportion des ventes. Est-ce à dire pour autant qu'il ne s'agit là que d'initiative marketing ? L'entrepreneuriat social et solidaire ne répondrait-il qu'à une nouvelle tendance de la population , en apportant un habillage marketing adapté aux attentes des consommateurs ?
Sur le même principe, à l'heure où le bien-être au travail gagne en importance dans notre société, l'engagement du dirigeant est-il une forme de management déguisée pour amener ses collaborateurs à aller dans son sens ?
La réflexion à l'origine de ces engagements part pourtant souvent de constats bien réels. Ainsi, intégrer ses salariés dans la prise de décision aidera la dirigeante ou le dirigeant à motiver et impliquer ses équipes, au lieu de provoquer un désengagement venant plutôt d'une incompréhension des objectifs fixés unilatéralement. Et si une partie grandissante de la population est de plus en plus sensible à ses habitudes de consommation, les femmes et hommes entrepreneurs n'y sont naturellement pas étrangers.
Au-delà d'un phénomène de mode, les résultats tendent plutôt à prouver l'efficience de ce nouveau modèle économique qui incite à aller chercher le profit durable en répondant à des problématiques sociales.
Le succès naissant de l'ESS trouve également une corrélation avec la prise de conscience des limites des pouvoirs publics qui disposent de marges de manœuvres très restreintes : l'ESS est donc, au-delà d'une vision idéalisée, un schéma de réponse à des attentes sociétales .
Enfin, les recettes sont les mêmes que celles de l'économie classique, mais le but diffère en s'orientant vers le développement durable et la mise au service de l'homme de l'économie. A ce titre, les initiatives en termes d’évolutions technologiques au service de la progression sociale dans des domaines comme la lutte contre le chômage, l'amélioration de la qualité de vie des personnes en situation de handicap, la protection de l'environnement et la mobilité, se multiplient. Des innovations technologiques bouleversent l'économie actuelle en lui permettant de devenir plus respectueuse de l’environnement et plus inclusive : c'est ce que l'on appelle la « Tech for Good ».
Elles correspondent aux besoins et attentes des consommateurs, et c'est peut-être ce qui explique le mieux le succès de ces entreprises. En effet, si l'économie sociale et solidaire est autant en vogue chez les entrepreneurs, c'est qu'elle combine deux qualités intrinsèques : les entreprises fonctionnent et répondent à des marchés encore peu exploités par les entreprises classiques, et elles permettent également de mieux coordonner l'action publique, les besoins sociétaux et la réponse économique.
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