A la une des journaux et au coeur des conversations, les grèves SNCF reposent la question de l’attitude de l’employeur face aux retards de ses employés.
SOMMAIRE :
Quelles sont les causes de ces contestations ?
Contrairement à d’habituelles manifestations sociales, le gouvernement est face à un nouveau type de grève avec ce conflit : les grèves perlées.
Concrètement sont prévus pour l’instant trois mois de grève à raison de deux jours tous les cinq jours.
A tout moment, on peut basculer dans une grève classique puisque Sud Rail, le syndicat numéro 3 de la SNCF, appelle régulièrement à une grève reconductible toutes les 24 heures, même si le but semble être l'unité syndicale, éléments indispensable à la victoire pour les opposants du gouvernement.
Rappelons les causes de la contestation. 3 sujets sont contestés : le statut des cheminots, le traitement de la dette et le passage au privé.
Sur ces 3 sujets, le gouvernement a eu un discours variable et surtout peu d’écrits et d’assurances de la part des syndicats qui veulent des garanties sans d’ailleurs que soit posées les questions principales :
- Les trains sont-ils un service public ou pas ?
- Qui doit payer le coût des billets de trains ? Les seuls voyageurs ou tous les contribuables ?
- Peut-on laisser augmenter le prix des billets de trains et mettre ainsi plus de véhicules sur les routes alors qu’on semble s’engager sur une volonté de diminution de la pollution ?
- Veut-on garder la même densité de lignes de trains en France ou pas ?
Par ailleurs, les universités sont aussi en grève pour certaines, avec un incident à Montpellier qui rappelle pour certains observateurs les problèmes qui en 1968, à Nanterre, furent l’étincelle de Mai.
A cela s’ajoute la grève Air France.
En bref, on peut craindre que 50 ans après ce fameux Mai 68, Mai 2018 soit assez chaotique pour le pays et gêne les entreprises, leur logistique et leurs salariés avec au final des retards de livraisons, des commandes ratées, des manques à gagner le tout dans une période où déjà traditionnellement la France a du mal à être très productive.
Comment réagir ? Peut-on sanctionner ? Quid des heures de travail perdues non rémunérées ?
Sanction en cas de retard
Le salarié est tenu de justifier son retard ou son absence avec un document de la SNCF prouvant qu’il a été mis en retard à cause de la grève.
En effet, la grève, prévue, n’est pas un cas de force majeure et la justification de l’absence fonctionne comme en cas d’arrêt maladie.
Bien sûr, dans la plupart des cas, salariés et employeur se font confiance et un tel document n’est pas utile.
Il est cependant important de savoir qu’un retard non justifié peut aller jusqu’au licenciement.
Avec les grèves SNCF qui durent, les retards peuvent être fréquents. Sanctionner un salarié qui ne s’arrange pas pour venir quand même au travail est possible mais dans tous les cas, il vaut mieux trouver un arrangement, quitte à organiser du télétravail, des horaires spécifiques, du co-voiturage ou la récupération de jours de congés et de RTT.
Quid du paiement des heures de travail perdues ?
En ce qui concerne les heures de travail perdues à cause des retards causés par les grèves de transports, l’employeur n’est pas obligé de les payer sauf en cas d’accords d’entreprise spécifiques à ce sujet.
Là encore, pour éviter une retenue sur salaire (proportionnelle à la durée de l’absence), il vaut mieux s’entendre avec son employeur pour poser des jours de congés payés ou de RTT, rattraper les heures d’absence si c’est possible ou opter pour le télétravail.
Quelles solutions souples pour compenser les retards au travail en cas de grève ?
Le télétravail peut être une bonne alternative. La réforme du droit du Travail a d'ailleurs fortement renforcé le statut du salarié en télétravail. L'ordonnance donne désormais la possibilité du télétravail ponctuel. Pour ce faire, l’employeur et le salarié devront simplement s’accorder, sur la base d’un écrit ou bien oralement.
L’accord concernant le télétravail peut être formalisé « par tout moyen » (Un échange de mails suffit) mais l’employeur peut refuser cette solution.
L’employeur peut aussi assouplir les horaires selon les horaires de fonctionnement annoncé de la SNCF.
De plus, la grève actuelle change selon les jours ainsi, il peut être possible d’augmenter la durée de travail certains jours tout en la diminuant à d’autres moments de la semaine (même si dans la pratique il peut s’avérer compliqué d’organiser une grève « alternative » car redémarrer tout un planning de trains ne se fait pas en quelques heures)
Les nombreux espaces de coworking qui ont fleuri dans beaucoup d’endroits, notamment près des gares, peuvent être aussi un bon moyen d’atténuer les problèmes de grèves en permettant aux salariés de travailler ou même d’attendre de manière active un transport disponible.
Enfin, le co-voiturage est peut-être le meilleur moyen d’arriver à l’heure au travail. La SNCF a d’ailleurs lancé un site spécifique, autostop-citoyen.fr, pour inciter les gens à se grouper, à se retrouver près des gares, où ses emplacements sont réservés, afin d’effectuer les trajets professionnels ensemble.
En conclusion dans cette période de conflit social les chefs d’entreprises ont un rôle central à jouer.
En effet, même si la loi les autorise à sanctionner les salariés qui ne peuvent pas venir au travail, une attitude plus souple et constructive peut être plus intéressante pour maintenir un esprit positif et une bonne ambiance de travail, nécessaires dans ces moments un peu compliqués.